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520 Le Charrel - 13681 AUBAGNE CEDEX
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A chaque
échéance électorale, le débat politique est
pollué par la présence de l’extrême droite. Le
discours des « politologues » sur le vote protestataire a fait
long feu. Le marketing populiste, partie émergée du programme
fasciste, produit des slogans qui rencontrent un certain écho dans
la société. La « renaissance » de l’extrême
droite ne doit rien au hasard, plus que sa force, ce sont nos faiblesses
qu’elle révèle.
Mais le danger fasciste ne se réduit pas à l’audience
électorale du front national. Depuis 20 ans, son poison s’est
répandu dans les discours et les pratiques politiques de ses pseudo
détracteurs. Entre les alliances infâmes avec certaines forces
de droite, et les triangulaires qui volaient au secours d’une gauche
dont les dérives exaspèrent l’électorat populaire,
les stratégies politiciennes des uns et des autres ont fait un pont
d’or aux amis de Le Pen.
Quand
l’extrême droite constitue une menace réelle :
Depuis 98, Michel Vauzelles préside le conseil régional en
s’appuyant sur une majorité toute relative puisque toute la
gauche réunie ne dispose que de 47 sièges, la droite 40, les
non-inscrits 3 sièges et l’extrême droite 32 sièges.
Une telle assemblée ne peut être gouvernée que dans
le compromis permanent avec les forces de droite qui n’hésitent
pas à l’occasion à mêler leurs voix à celles
d’une extrême droite qui s’est faite plutôt discrète
comme pour mieux attendre son heure. Discrète, mais omniprésente
dans une région où elle a déjà fait ses «preuves»
à la tête de 4 villes dans 3 départements, sans oublier
le transfuge Jacques Peyrat qui dirige Nice au nom de l’UMP sans avoir
rien renié de son passé au FN. Les dégâts sont
déjà importants, on n’a pas oublié l’assassinat
d’Ibrahim Ali, et même si Toulon et Vitrolles se sont secouées
après la gueule de bois, la bête n’est pas prête
à lâcher prise.
Nous avons le triste privilège d’être la région
qui a vu atterrir, puis s’écraser le clan Mégret. Le
Pen en a fait son objectif, et mathématiquement, il y a de quoi avoir
quelque inquiétude : au second tour de la présidentielle de
2002, Le Pen avait recueilli 27,69 % des voix. Aux élections régionales
de 1998, le FN avait obtenu 26,52 % (avant la scission avec le clan Mégret).
Même si ces résultats ne permettent pas de présager
le résultat de l’élection à venir, personne ne
peut considérer que le danger est écarté.
Quand
l’extrême droite influence une politique… qui nourrit
l’extrême droite :
Les idées portées par l’extrême droite ont irrigué
d’autant plus facilement des franges importantes de la population
que les partis politiques de droite comme de gauche n’ont jamais cessé
de s’en inspirer :
- Les politiques sécuritaires qui se sont succédées
depuis 20 ans,
- Les camps de rétention des immigrés en instance d’expulsion,
- Le refus de régulariser les sans-papiers, les expulsions et reconduites
aux frontières.
- La soumission des politiques aux exigences du Medef, la liquidation des
acquis sociaux, la remise en cause des retraites, l’infâme réforme
des ASSEDIC, l’instauration du RMA, les privatisations, les licenciements
collectifs, le chômage et la précarisation de l’emploi…
- La destruction des services publics, de l’école, du système
de santé…
Après les calamiteuses années Jospin, l’offensive violente
menée par Raffarin, Sarkozy et Seillère, sert de toile de
fond aux notables locaux qui se plaisent à dérouler le tapis
rouge à des patrons de plus en plus exigeants alors que le taux de
chômage tient des records nationaux. Les plans « villes propres
» succèdent aux plans « sécurité »…
et le clientélisme se porte bien !
Dans ce contexte de régression sociale, le ventre est encore fécond…
Quand
Le Pen sert d’épouvantail pour rabattre des voix :
Le 21 avril 2002 n’a pas consacré une victoire historique de
l’extrême droite : Les voix de Le Pen et Mégret réunis
n’ont pas dépassé les voix de l’extrême
droite aux présidentielles de 1995. C’est l’effondrement
du parti socialiste qui a constitué l’évènement
essentiel du 21 avril. Mais il est plus confortable de s’en prendre
aux électeurs qui auraient dispersé leurs voix, plutôt
que de faire le bilan du gouvernement Jospin. La ficelle est grosse : il
ne faut plus poser de questions sur l’incapacité des politiques
à faire reculer la misère et la pauvreté, ne plus poser
de questions sur la relégation des quartiers pauvres, sur l’overdose
sécuritaire, sur la délinquance des puissants… «
N’exercez plus votre sens critique, ne votez plus pour vos idées,
votez pour des partis « sérieux »… sinon, vous
feriez le jeu de Le Pen ».
Nous ne pouvons pas nous laisser plomber par ce chantage, l’élection
régionale est un moment du débat politique, la modification
du scrutin a déjà fortement réduit les possibilités
de présenter des listes émergentes. Il faut combattre les
partis d’extrême droite, mais pour les faire reculer durablement,
il faut aussi combattre les choix politiques qui les nourrissent, il faut
rassembler un large front anticapitaliste.