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BALLON ROUGE

En préparant les jours meilleurs
PALESTINE :
La situation à Yanoun

Compte rendu de la mission marseillaise de protection du Peuple Palestinien - du 15 au 25 mai 2003

Parties toutes les six (Wacilla, Myriam, Monique, Safia, Anne et Anny) de Jérusalem le vendredi 16 mai, nous arrivons à Yanoun en fin de matinée. Pendant le trajet, nous apercevons sur les collines plusieurs colonies, sortes de «villes champignons», ensembles de maisons ou d'immeubles serrés les uns contre les autres, plutôt laids semble-t-il.

Lorsque nous arrivons à Yanoun Bas, un panneau nous informe des actions internationales menées en faveur de ce village: projet agricole et installation d'une ligne électrique. Le paysage est bucolique: oliviers à flanc de colline, champs de blé ondulant sous le vent. Tout parait paisible.

À pied, nous montons vers Yanoun Haut où les internationaux déjà ici depuis huit jours viennent à notre rencontre: deux copines de Saint-Étienne, une de Bordeaux, un jeune Parisien. Ils attendaient notre arrivée avec impatience et nous mettent au courant de la situation. Yanoun reste calme tant que les membres des missions assurent une présence continue dans le village. En effet, celui-ci est situé au fond d'une superbe vallée et est dominé tout autour par des collines où se sont installés des colons qui y ont construit des habitations, des bâtiments agricoles, des miradors et des routes d'accès, confisquant ainsi les terres et détruisant les plantations des Palestiniens. Les colonies sont éclairées nuit et jour par de puissants lampadaires qui semblent provoquer les habitants du village qui, eux, disposent seulement de 19h30 à 00h d'un générateur d'électricité.

L'accueil des villageois est chaleureux. Chaque jour, ils nous manifestent leur sympathie en nous offrant du thé, du pain, du fromage. Au cours de nos rencontres, ils nous relatent leurs frayeurs lors des exactions commises fréquemment par les «moustaoutinin» (colons occupants): effractions répétées du local du générateur, eau du puits souillée, bétail tué, arbres abattus, irruptions intempestives dans le village de colons toujours armés à bord de voitures ou de quads. Des violences plus graves ont laissé à chaque Palestinien des blessures physiques et psychologiques indélébiles. Bien que la vie quotidienne semble s'écouler paisiblement, chaque villageois reste en alerte.

Un événement inattendu nous en fournira la preuve. Samedi soir, jour de shabbat où les colons commettent la plupart du temps leurs agressions, un motard se dirige vers Yanoun Haut et stoppe sa moto près du générateur, puis téléphone. Les habitants, qui ne quittent pas des yeux les allées et venues sur la route, pressentent un danger et tous se retrouvent à l'entrée du village. Les hommes descendent en direction du motard, les femmes et les enfants restent au sommet de la côte, terrifiés. Nous, internationaux, décidons d'intervenir. Deux filles restent auprès des enfants et d'une grand-mère tremblante mais résignée face au malheur, les autres s'interposent entre les hommes du village, vieux et jeunes au grand complet, et le motard soupçonné d'être un colon mal intentionné ou éventuellement un traître. L'homme s'affole face à la violence croissante des villageois qui devient impressionnante. Nous redoutons que l'homme soit lynché. L'armée, prévenue par le maire et l'une d'entre nous, arrive rapidement et emmène l'homme dont nous n'aurons plus aucune nouvelle durant notre séjour.

Cet incident, sans réelles conséquences sur le village, nous a montré dans quelle ambiance vit la population: toujours sur le qui-vive, dans la crainte d'une attaque à tout moment. Notre présence, totalement pacifique, est jugée par les habitants dissuasive auprès des colons et rassurante. L'idée de notre départ les angoisse bien qu'ils y soient résignés.

Lors de notre séjour, nous n'avons cessé de multiplier les appels téléphoniques auprès de toutes les associations susceptibles d'apporter une protection au peuple palestinien et une présence auprès des habitants de Yanoun en particulier. Les différents groupes d'Israéliens pacifistes semblent actuellement en difficulté, les internationaux se font moins présents, car l'entrée en Palestine s'avère de plus en plus difficile et les risques encourus plus grands.

Nous sept allons quitter Yanoun dans les jours à venir avec un sentiment de profond malaise; outre la rupture des liens affectifs qui se sont noués avec la population, nous avons conscience de la nécessité d'une présence internationale dans ce village qui, sans elle, risque à tout moment de voir les

colons reprendre leurs exactions, ce qui contraindrait de nouveau les

villageois terrifiés à fuir et laisser ainsi les colons étendre leur territoire.

Anny



 

 

 

 

 

 

 

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