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520 Le Charrel - 13681 AUBAGNE CEDEX
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Que dire d’un forum européen ? La première image, bien sûr, amène l’enthousiasme : importance et diversité des participants, jeunesse d’une grande partie d’entre eux. C’est surtout se rendre compte qu’à l’heure où en France, le manque de perspectives politiques ne génère pas l’optimisme, il existe d’importantes forces pour condamner les méfaits du libéralisme (d’aucuns préfèrent parler du capitalisme) mue par le seul intérêt économique, et prêt à brader valeurs humaines, santé, éducation, environnement…
Ces altermondialistes représentent une force non négligeable, prête à se mobiliser pour affirmer qu’un autre monde est possible, qui doit avant tout sauvegarder les valeurs humaines de droit des peuples et de solidarité.
Mais au-delà de cet enthousiasme, force est de constater que la question demeure entière sur la façon de faire émerger sur la scène politique ces revendications et que de nombreuses divergences traversent le mouvement alternatif (La diversité n’est-elle pas le propre d’un forum composé par définition de la rencontre – ponctuelle ? – de forces diverses.)
Je n’en prendrais que deux exemples. Le projet de constitution européenne et le problème du foulard.
Si la majorité des mouvements, associations, syndicats et autres, présents au FSE s’accordent à condamner le projet – et donc envisagent d’appeler, en cas de référendum à voter contre, d’autres mouvements comme la CES (Confédération Européenne des Syndicats – 60 millions d’adhérents) l’acceptent. Pour elle, si cette constitution est loin d’être parfaite, elle pourrait servir de base de départ à une évolution vers une Europe sociale.
Ne nous
a t-on pas déjà servi ce couplet pour Maastricht : s’emparer
du projet de construction de l’Europe pour construire une Europe des
travailleurs. Or si l’Europe du capital s’est construite celle
des travailleurs reste à faire ! Et si cette dernière existe,
c’est bien au FSE qu’on pouvait la rencontrer… Les partisans
du refus de constitution considèrent que, si quelques avancées
mineures peuvent être enregistrées, des reculs massifs le sont
aussi et surtout, que cette volonté d’inscrire dans le marbre
d’une constitution l’orientation néolibérale peut
verrouiller toutes possibilités de retour (ou tout au moins les rendre
problématiques, l’unanimité étant requise pour
d’éventuelles modifications).
Quant au problème du foulard, ils opposeraient les partisans de la
liberté, de la tolérance et de l'acceptation des différences
à d’autres, que l’on n’ose pas mais peu s’en
faut, taxer de racistes. Rappelons, quand même, que c’est au non
de cette même liberté que la « droite » libérale
s’est opposée à la fin du XIXè siècle à
la législation limitant le travail des enfants. Il faudrait donc accepter
de reconnaître ce principe de liberté comme essentiellement bourgeois
(car il sous tend la liberté de propriété privée,
d’investissement, du commerce…). Et doit-on accepter, au nom de
ce principe l’oppression d’une catégorie de la population
(les femmes), non merci ! Osons, plutôt défendre les valeurs
qui garantissent à chaque individu (homme et femme) ses droits, en
premier place de celle-ci une valeur que le tout mouvement alternatif devrait
reprendre : l’égalité.
Sylvie PILLE