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BALLON ROUGE

En préparant les jours meilleurs
La grande messe de l’altermondialisme


Après le formidable succès du premier Forum Social Européen de Florence en novembre 2002, que serait le FSE de Paris ?
Au fur et à mesure que nous suivions l’organisation de ce deuxième Forum Social Européen, nous étions nombreux à exprimer des réserves sur le mode d’organisation, sur les moyens mis en œuvre et sur les partenariats avec les collectivités locales et l’Etat.
Tout d’abord, que ce soit à Porto Alegre ou à Paris, on peut s’interroger sur la légitimité et la représentation démocratique des organisations et personnes qui constituent le secrétariat d’organisation du Forum Social. L’auto-désignation semble être la règle. De ce fait, ce FSE nous semblait « cadenassé » par quelques syndicats et associations.

Les ambiguïtés du rapport aux politiques ne faisaient que confirmer nos réserves sur ce FSE. La question de la place des partis politiques dans les Forums Sociaux n’est pas réglée. Ils sont tolérés timidement : Deux plénières organisées sur les rapports entre mouvement social et partis politiques permettaient à des représentants de partis de participer au FSE. Néanmoins, il nous a semblé que ne pouvant pas entrer par la grande porte au FSE, certains sont rentrés par la fenêtre par la mise à disposition de moyens conséquents (salles, matériel) et l’apport de subventions importantes par les communes et les Conseils Généraux.

L’autre inquiétude concernait les modes d’organisation du FSE. Il nous semblait que le secrétariat d’organisation reproduisait les fonctionnements des organisations et des entreprises contre lesquels, justement, le FSE est censé chercher des alternatives. Ce Forum devenait un grand congrès, une grande foire à l’altermondialisme ne laissant aucune place à l’auto-organisation.
De part son organisation, ses composantes et sa structure archaïque, le FSE devenait un Forum Européen qui a oublié sa dimension sociale.

L’initiative du réseau Intergalactique (http://www.intergalactique.org) et des No Vox de s’organiser dans le cadre du GLAD (Espace de Globalisation des Luttes et d’actions de Désobéissances) permettait de lier réflexion, action, auto-organisation et solidarité. Cet espace, situé en marge du FSE (de l’autre côté du périph !) du être négocié âprement auprès des organisateurs du FSE et de la Ville de Paris.

Enfin, la dispersion des sites sur 4 villes (Paris, Saint Denis, Bobigny et Ivry) et la multitude de plénières (55), séminaires (271) et ateliers (plus de 300) était le plus gros handicap de ce FSE. Répondant à des logiques financières et politiques, cette dispersion empêcherait la rencontre entre tous les participants, les condamnant à passer une grande partie de leur temps dans les transports en commun. Le sentiment de force sociale que l’on avait à Florence, ne pouvait être le même dans ces conditions.

L’organisation de ce FSE devenait monstrueuse et il fallait trouver des moyens de financer un budget prévisionnel de 5 millions d’Euros. Pour tenir ce budget colossal, des subventions ont été demandés à l'Etat et aux collectivités locales, et comme cela ne suffirait pas, l'entrée au FSE serait payante.

Maintenant que le Forum Social Européen de Paris, St Denis, Bobigny et Ivry est terminé, quel premier bilan pouvons-nous en faire ?
• Tout d’abord, un formidable rassemblement de 50 000 personnes venues de l’Europe entière. Beaucoup d’Italiens, d’Espagnols, d’Allemands, d’Anglais, plus de 1 000 Européens de l’Est (quatre fois qu’à Florence), et comparativement peu de Français. La manifestation du samedi après-midi, qui a réuni environ 100 000 personnes, montrait bien la diversité des participants de ce FSE.
• L’éclatement géographique dans quatre villes et le foisonnement du programme apporta de la richesse au FSE mais constitua aussi un lourd handicap : Que de temps passé dans le métro pour relier une ville à l’autre ! Le nombre important de réunions (plus de 500) pouvait créer une frustration chez les participants qui bien sûr devait faire un choix difficile, mais cela permis d’absorber la foule et à de rares exceptions près, il était possible d’assister à toutes les réunions. Si les plénières s’apparentaient plus à de grandes messes avec des « experts » à la tribune et un public qui écoutait sagement, les séminaires et ateliers laissaient la place au débat et aux échanges d’expériences. Cette année, le collectif d’organisation a décidé de rendre compte de la « mémoire » de ses travaux que vous pourrez trouver sur le site du FSE (http://www.fse-esf.org).
• Les diverses manifestations en marge et complémentaires du FSE (Assemblée des Femmes, Assemblée des mouvements sociaux, GLAD,…) et les actions qui ont été mené (occupation d’immeuble par No Vox, Action contre l’Europe Forteresse, Actions anti pub, occupation de Mac Do, Manif des intermittents et précaires,…) ont permis de lier réflexion, action et mobilisation.
• Ce Forum Social Européen après le mouvement social du printemps, la mobilisation contre le G8 d’Evian et le rassemblement du Larzac, a constitué une nouvelle étape pour le mouvement social en France. Petit à petit, une culture de lutte se reconstruit. Nous sommes dans une période de reconstruction du mouvement politique et social. Nous en sommes encore au stade de l’expérimentation. De nouvelles formes de luttes apparaissent. La jeunesse reprend sa place dans le mouvement social. Le mouvement altermondialisation et le mouvement syndical s’enrichissent mutuellement. Des positions plus radicales s’affirment et obligent les partis de gauche et d’extrême gauche à se positionner par rapport au mouvement. Le Parti socialiste a bien essayé de s’infiltrer dans le mouvement, mais ses positions libérales le mettent hors-jeu définitivement. Même à reculons, il n’a rien à faire dans les rassemblements altermondialistes. Le Parti Communiste et ses élus se sont convertis mais il semble bien que ce soit trop tard et qu’ils ne séduisent plus grand monde. Les Verts y sont avec leurs forces, timidement. Lutte Ouvrière a fait le choix de ne pas participer à un mouvement qui dépasse ses certitudes révolutionnaires. Seule La LCR fait partie intégrante du mouvement et mobilise ses militants depuis le début. Très présents autour du FSE et dans la manif du 15 novembre, leur alliance avec LO pour les élections de 2004 laisse perplexe. Tiendront-ils longtemps le grand écart ?

Frédéric PLICQUE


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