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520 Le Charrel - 13681 AUBAGNE CEDEX
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Je ne peux que me réjouir que depuis deux ans la culture fasse partie du Forum social mondial. J’ai assisté à deux séminaires et une plénière organisées sur le thème de la culture. J’avoue ma grande frustration face à 55 plénières, 271 séminaires, et un nombre infini d’ateliers. Il était très difficile de choisir.
Il faut savoir qu’à ce jour la culture n’est pas sujet de discussion à l’OMC. On oublie que notre société existe aussi grâce à la culture – Pouvez vous imaginer une société sans culture ?
La première plénière s’intitulait « la place de l’art, des pratiques artistiques et culturelles dans la transformation sociale et l’émancipation ». Le débat avait principalement comme objectif le théâtre de proximité. J’avoue qu’à ce sujet, il me semble qu’à Aubagne, c’est le discours que j’entends depuis quelques années. Ca réconforte de savoir que de Porto Alegre à Aubagne on pense de la même façon, on travaille dans les quartiers, on crée des projets dans les quartiers, et aujourd’hui, un grand nombre d’ateliers artistiques sont organisés dans les quartiers avec des professionnels qui en assurent la qualité.
Lors
de la deuxième plénière : « l’action culturelle
pour et par les jeunes comme outil de transformation sociale » il y
eu beaucoup de demande de la part des participants :
-Comment faire pour que tout le monde soit a l’écoute de l’intelligence
?
-Comment faire pour que les jeunes ne dépendent pas toujours de l’avis
des spécialistes ?
-comment faire pour que le projet ne reste pas seulement dans la théorie
?
-Comment faire pour comprendre les idées des acteurs de l’éducation
populaire ?
Il y en a eu bien d’autres, c’était une session d’effervescence
sociale. Il est vrai qu’il existe énormément de gens qui
font de l’éducation populaire mais qui ne sont pas labellisés,
il me semble qu’il faut revenir au vrai sens de la parole, qu’est
ce que l’éducation populaire ? On a souvent tendance a l’intégrer
dans une action sociale, alors que bien au contraire l’action sociale
est différente. On peut penser que cela n’a rien à voir
avec la culture, mais bien au contraire on ne peut pas s’intéresser
qu’au théâtre sans aller assister, participer à
ces débats. Avec ma compagnie, aujourd’hui et depuis des années
nous intervenons dans les centres sociaux, dans les maisons de quartier, nous
organisons des projets avec des jeunes, donc il me semble impératif
de se rendre compte de ce qu’il y a ailleurs.
Le dernier
séminaires en présence de Jack Ralite, « la diversité
culturelle : quelle action pour quelle projet », fût, je dois
le dire, le plus passionnant. Il faut dire qu’on venait chercher des
réponses et que bien souvent on repartait avec plus de questions, ça
fait partie, à mon avis, de ce Forum Social.
Luciana Castellina a commencé le débat en posant quelques questions
:
- Quelle action pour quel projet ?
- Que faire pour la sauvegarder ?
On pense que l’exception culturelle est morte mais sans exception culturelle
il n’y aura pas de sauvegarde. Il ne faut surtout pas oublier que la
culture est un bien public et pas une marchandise, le risque que nous courrons
aujourd’hui en prenant un exemple sur l’audiovisuel est le monopole
des émissions (série, jeux et toutes leurs bêtises) des
américains. Evidemment c’est le pays qui investit le plus et
comme c’est le pays du « pognon », que vous soyez en France,
en Espagne , en Italie , Hollande, etc.….on voit tous la même
chose, navrant, vous ne trouvez pas ? Mais je me demande où est la
diversité culturelle là dedans ?
La France qui depuis de longues années était fière de
parler de « l’exception culturelle française » a
perdu ce privilège avec l’Europe. Alors l’Europe OUI mais
la diversité culturelle OUI aussi !
Il n’y a que nous citoyens qui pouvons décider de la marchandisation
ou non de la culture, l’art n’est pas un produit. Sinon, je suis
sûr qu’on l’aurait déjà trouvé exposé
dans un des rayons de la grande distribution.
Enfin, on pourrait en débattre pendant longtemps.
C’est dur d’aller au fin fond des choses, ça prend beaucoup
plus de temps mais je terminerai avec ses mots de Jack Ralite. « Le
marché est efficace, mais il n’a ni conscience, ni miséricorde
»
Devant l’impuissance, le FSE a démontré une grande résistance, et les jeunes en étaient l’exemple.
Teresa TIGRATO