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Dimanche 16 novembre se tenait à Saint Denis, en clôture du FSE, l’Assemblée des acteurs et mouvements sociaux dont l’objectif était de définir des stratégies d’action à l’échelle européenne .
L’appel de l’Assemblée des acteurs et mouvements sociaux ( http://www.fse-esf.org/francais/article916.html ), précise le positionnement politique du FSE et offre des perspectives de luttes au niveau européen. Cet appel, est le résultat d’un consensus entre les représentants des différents mouvements sociaux. Il est loin de faire l’unanimité entre tous.
Avec
ce deuxième Forum Social Européen, la question européenne,
jusque-là point faible de la réflexion altermondialiste, est
devenue centrale. Il n’est plus question de lutter contre l’Europe,
mais pour une autre Europe, une Europe des droits et de la solidarité
avec les peuples, une Europe contre la guerre et les occupations. C’est
dans ce sens qu’un appel à deux journées internationales
de lutte a été lancé :
Tout d’abord, répondant à l’appel venu des Etats-Unis,
le 20 mars 2004 (jour anniversaire du déclenchement de la guerre contre
l’Irak) a été décrété journée
mondiale de lutte contre la guerre et les occupations en Irak, en Palestine,
mais aussi, et c’est nouveau, en Tchétchénie.
Ensuite, le 9 mai 2004, date prévue de la ratification de la Constitution
européenne, sera une journée d’action européenne
contre la constitution européenne « Giscard » et pour une
autre Europe des droits des citoyens et des citoyennes.
« Nous discutons du monde, non pas pour en discuter mais pour le changer »
Toutefois, malgré des avancées significatives sur des points essentiels, cet appel se contente de remettre en question le « modèle néolibéral », mais n’aborde jamais la question de la rupture avec le capitalisme. A croire qu’il suffirait de revenir à un modèle Keynésien pour que l’exploitation, les inégalités, la barbarie et la guerre disparaissent. Cette question de la réforme ou de la rupture a bien sûr été au cœur des débats de ce Forum Social Européen, et si l’appel des mouvements sociaux reste assez consensuel et ne prend pas de position radicale, il n’en demeure pas moins que bon nombre des intervenants qui se succèderont à la tribune n’hésiteront pas à dire tout le bien qu’ils pensent du capitalisme !!!
Un représentant des COBAS (syndicats autonomes italiens) concluait d’ailleurs son intervention par une citation de Karl Marx : « Nous discutons du monde, non pas pour en discuter mais pour le changer »
Les différents orateurs, qu’ils viennent du mouvement syndical ou d’associations ou d’ONG, étaient tous d’accord pour exiger une autre Europe dans un monde sans guerre.
Contre la guerre et les occupations
A Florence,
en novembre 2002, l’Assemblée des mouvements sociaux avait lancé
l’appel pour la manifestation mondiale contre la guerre du 15 février
2003. Cette année encore, la guerre était dans tous les discours.
On retiendra donc de ce forum l’appel général à
la mobilisation pour arrêter la guerre mais aussi pour en finir avec
les occupations en Irak, en Palestine et en Tchétchénie.
La question palestinienne est devenue centrale. Le refus de l’occupation,
l’arrêt de la construction et le démantèlement du
mur, le respect des droits du peuple palestinien sont des préoccupations
récurrentes dans toutes les interventions.
Enfin, suite à plusieurs conférences et débats pendant
le Forum, il a été décidé d’associer la
lutte pour la Tchétchénie dans le combat contre la guerre et
les occupations.
En fin d’assemblée, Jean Baptiste Eyraud du DAL et de NO VOX
(http://www.novox.ras.eu.org) tenait à rappeler que la guerre qui fait
le plus de victimes est celle contre les pauvres.
Pour une Europe des droits sociaux
«
Les riches sont de plus en plus riches, les pauvres sont de plus en plus pauvres
» : C’est ainsi qu’un représentant du syndicat allemand
« IG Metall » a commencé son intervention.
Pour mener la bataille contre la pauvreté, pour la sauvegarde et le
développement des services publiques et pour les droits sociaux, de
nombreux intervenant ont insisté sur l’importance de l’unité
entre le mouvement altermondialisation et le mouvement syndical.
L’opposition à la constitution européenne qui «
constitutionnalise » le libéralisme comme doctrine officielle
de l’Europe est massive. Nous devons développer les luttes à
l’échelle européenne pour nous opposer à cette
constitution, mais aussi à toutes les attaques contre les droits sociaux.
Plusieurs interventions faisaient part des luttes menées dans chacun
des pays (retraites, services publiques, éducation,…) et insistaient
pour créer des convergences au niveau européen.
Plusieurs représentants de mouvements de « sans » se sont
exprimés pendant l’Assemblée. Marginalisées dans
les Forums Sociaux précédents, les associations de « sans
» sont satisfaites d’avoir enfin trouvé leur place dans
ce FSE même si elles regrettent que les revendications sur le droit
au logement, au travail, à la santé, à l’éducation,…
sont absents de l’Appel.
Parmi tous les sans-droits, les sans-papiers méritent une attention
particulière de la part des altermondialistes. Leur cause est centrale
dans les rapports entre le Nord et le Sud, dans les questions de conditions
de travail et de salaire, dans les questions de sécurité et
de criminalisation de la misère. Les questions du droit des étrangers,
de la liberté de circulation et de la régularisation des sans
papiers ont été abordés par différents intervenants.
Alors qu’un représentant italien de sans-papiers demandait que
la lutte pour la défense de migrants et les sans-papiers soit inscrite
dans l’Appel, la coordination française des sans-papiers présentait
une déclaration commune des mouvements européens de sans-papiers
(voir page 6)
Bien
d’autres thèmes ont été abordés pendant
cette assemblée et les propositions de luttes n’ont pas manquées
:
Suite aux attentats antisémites d’Istanbul et de Gagny, Michel
Tubiana, de la FIDH, a rappelé la nécessité de condamner
l’antisémitisme mais aussi toutes les formes de racisme et notamment
le racisme anti-arabe.
Anne Leclerc de l’Assemblée pour les droits de femmes qui s’est
tenue à Bobigny mercredi 12 novembre a rappelé la nécessaire
lutte contre les guerres, les violences faites aux femmes et la défense
de la lutte pour l’égalité homme/femme dans le travail
mais aussi dans la constitution européenne.
Les questions écologiques, du développement durable et de l’agriculture
n’ont pas été oubliées. Jean Michel Sanchez de
la Confédération paysanne, posait la question de l’intégration
de la paysannerie de l’Est à l’Europe qui sans un changement
dans la politique agricole commune, est condamnée à la misère
à très court terme.
L’appel
des acteurs et mouvements sociaux fait un certain nombre de propositions d’actions
convergentes au niveau européen et offre une base de mobilisation qui
permette l’implication de tous les peuples d’Europe :
• Lutte contre la guerre et les occupations en Irak, en Palestine et
en Tchétchénie.
• Lutte Pour une autre Europe : Contre la constitution Européenne,
pour les droits sociaux, pour l’égalité entre les citoyens,
pour la liberté de circulation,…
Il est de la responsabilité des militants syndicaux, associatifs ou politiques de prendre des initiatives, sur la base de l’appel de Saint Denis, pour décliner au niveau local les luttes impulsées au niveau européen.
Frédéric PLICQUE