On n’en revient pas indemne.
Evidemment,
quand on y va participer à une mission civile de protection, on sait
un peu à quoi s’attendre. On a lu des rapports, des livres,
vu des documentaires, des films, suivi anxieusement les séjours précédents,
on a étudié la situation historique sérieusement et
objectivement, on n’y va pas tout à fait pour faire du tourisme
non plus.
Mais être là-bas, partager pour quelques jours la vie des palestiniens,
voir « de visu » ce qu’il s’y passe tous les jours,
c’est encore autre chose. C’est toute la différence entre
la télé et la vie, entre l’intellect d’un côté
et le corps et les sens de l’autre, dont le message est bien plus
vital, profond, passionnel bien-sûr, et d’autant plus vrai qu’il
s’appuie sur la connaissance de faits.
Faits historiques, indiscutables, la colonisation occidentale d’une
terre étrangère .Son occupation militaire par une armée
moderne et puissante face à des populations équipées
de pierres .David et Goliath ?
Faits racontés « sur le vif » à Naplouse par les
voisins de la famille de 6 personnes écrasées sous leur maison
par les bulldozers de combat de la « Force israélienne de Défense
».
Faits vécus en direct aux check-points d’une armée omniprésente,
arrogante,
crevant de peur dans cette atmosphère de haine par eux générée,
enfermée sur elle-même comme tout le peuple juif dans le ghetto
qu’ils se sont créé. Comment vivre derrière un
mur de 6 m de haut, terrorisé par l’AUTRE, celui qui en fait
a bien plus de raisons d’être victime de la terreur, celle que
les colons et l’armée exercent quotidiennement sur la Palestine
occupée ?
Les exemples sont multiples et la liste sonne le glas d’une société
qui a, après tout autant le droit de vivre sur ce sol qu’ils
n’ont cessé d’habiter depuis des millénaires,
et dont ils ont été
chassés depuis 48,puis 67,puis maintenant et que va-t-il arriver
?
Comme être humains, ils sont insultés, humiliés, niés,
assassinés, et tout cela sous le prétexte qu’ils osent
résister ! « Il faut les punir. »nous disaient les soldats
.
Et
quand on dit cela, on se fait traiter d’antisémite, voire de
nazi !
Non l’horreur de la Shoah (et comment passe t’on de victime
à bourreau ?) n’autorise pas la terreur que l’armée
israélienne impose aux palestiniens. Et l’horreur des attentats
SUICIDES qui terrorisent les Israéliens, si elle est une réponse
inadaptée, ne vient que du désespoir qui peut pousser à
« se faire exploser » en tuant le maximum d’ « ennemis
». Cette tactique, mauvaise en soi, démontre bien aussi le
manque de stratégie et d’unité du peuple palestinien.
Ils devront résoudre ce problème.
Ce pourrait être un si beau pays, la mer, les palmiers, de douces
collines, ailleurs des pierres vénérables et des gens charmants,
si seulement on donnait une chance à la paix…
« And all we are saying, is give peace a chance (Lennon, not dead)
avons-nous chanté avec une centaine d’internationaux au tristement
célèbre check point de Touffah.
Mais cette paix, que tout le monde ou presque appelle de ses vœux,
ne pourra se réaliser sans justice et ce qui ce passe là-bas
en est tout le contraire.
Jean-Luc Mercier
.
